Biographie
Le travail de Bertrand Carrière a été exposé au Québec, au Canada, aux États-Unis, en Europe, en Russie et en Chine. Récemment il a exposé à Glasgow les images de sa résidence en Écosse. Il a reçu le prix du Conseil des arts et des lettres du Québec de la création en région (Montérégie, 2005) et le prix Reconnaissance Desjardins du Conseil des arts de Longueuil (2018). En 2019, il est en résidence au Studio du Québec à Londres.
Il a publié plusieurs livres. Notons Dieppe, paysages et installations (400 coups, 2004) et plus récemment Le Capteur (Éditions du Renard,2015). Il prépare actuellement Solstice, une monographie qui portera un regard sur ses 40 années de production. Ses œuvres se retrouvent dans plusieurs collections, notamment au Musée des Beaux-Arts du Canada, au Musée national des Beaux-Arts du Québec, au Centre canadien d’architecture, au Houston Museum of Fine Arts, à la Bibliothèque National de Paris, à la Cinémathèque Québécoise, au Cirque du Soleil et au Musée McCord.
Pour la présente exposition, Bertrand Carrière a fait une sélection d’images tirées de six corpus photographiques depuis les années 1990 à aujourd’hui, nous conviant à un condensé de moments révélateurs qui ont jalonné son parcours créatif et de vie. L’exposition regroupe les deux orientations qui caractérisent sa production – l’une, issue d’une pratique au quotidien étayée par une approche intimiste, voire autobiographique (Les Images-Temps, Signes de jour, Le Capteur) ; l’autre, faisant appel à la mémoire des lieux marqués par l’Histoire, dans une optique documentaire (Dieppe/Caux, Après Strand, Miroirs acoustiques).
Depuis près d’une quarantaine d’années, l’œuvre de Bertrand Carrière s’est intensifiée dans la durée, faisant de la temporalité un paradigme fondamental de sa démarche. Ses prises de vue nomades et impulsives guidées par la disponibilité d’un regard alerte ont constitué un répertoire colossal d’images personnelles aux motifs récurrents et allusifs. Portraits de famille, d’amis ou d’inconnus, paysages de proximité ou captés au gré des errances, espaces privés et publics composent un lexique iconographique qui s’inscrit dans la trame d’un récit évolutif. Son travail explore ainsi le pouvoir discursif de la photographie, forçant les liens associatifs et les rencontres fortuites et intuitives.
Le temps narratif chez Bertrand Carrière défile le plus souvent par plans séquentiels, attestant de la complicité qu’il entretient de longue date entre la photographie et le cinéma, impliquant ses expériences sur la fixité et le mouvement et leurs incidences sur le rendu et le cours des événements.
Ici, entre lumière et ombre, signes de vie et deuil, vestiges et réminiscences, présence et invisibilité, tout un dispositif formel se met en œuvre afin de nous orienter vers les chemins mouvants de la mémoire et de l’Histoire.
Mona Hakim
Image : Bertrand Carrière, de la série Caux, Varengeville-sur-mer, France. Impression au jet d’encre, 111,75 x 91,5 cm © B. Carrière
