Le projet que propose le photographe Bertrand Carrière est un travail d’observation sur le paysage contemporain par le biais d’un réseau autoroutier.
Biographie Mona Hakim
Mona Hakim est commissaire, historienne de l’art et critique. Depuis plusieurs années, elle oriente ses recherches autour d’enjeux contextuels et influents liés à la photographie contemporaine et actuelle. Ses essais et ses nombreux textes critiques paraissent dans les monographies, catalogues d’expositions et revues spécialisées. À titre de commissaire, elle a réalisé plus de vingt-cinq expositions au Québec et ailleurs. Elle est très active comme conférencière, membre de jurys et de conseils d’administration. Elle a enseigné l’histoire de l’art et l’histoire de la photographie au collégial pendant vingt ans et a siégé au sein des comités de sélection de la Politique d’intégration des arts à l’architecture de 2013 à 2019.
Biographie Bertrand Carrière
Bertrand Carrière est un artiste accompli qui, depuis 40 ans, réunit une œuvre photographique personnelle et variée. Ses domaines de recherche portent principalement sur la mémoire et sur l’histoire des lieux, avec leurs parcours, leurs luttes et légendes. Les ambiguïtés poétiques, les mises en scène flottantes et les images énigmatiques se situent aussi au cœur de ses réalisations photographiques audacieuses.
L’excellence du travail de Bertrand Carrière s’inscrit dans un parcours qui lui a valu la reconnaissance du public et de ses pairs. Ils lui ont décerné de nombreux prix et rendu divers honneurs qu’il méritait. Mentionnons, entre autres, le Prix de la création en région du Conseil des arts et des lettres du Québec pour la Montérégie, qu’il s’est vu attribué en 2005. Il a également reçu le Prix Reconnaissance Desjardins du Conseil des arts de Longueuil en 2018. Son livre Dieppe : paysages et installations, publié aux Éditions Les 400 coups, en 2006, a obtenu le prix Lux du meilleur livre de photos de l’année. En 2011, il a illustré le livre de Georges Leroux, Wanderer : essai sur le Voyage d’hiver de Franz Schubert, aux éditions Nota Bene, un ouvrage qui remporta le Grand prix du Gouverneur général du Canada, catégorie Essais de langue française.
Les œuvres de Bertrand Carrière ont été vues au Québec, au Canada, en Europe et en Chine. On peut les contempler de nos jours surtout à Montréal, à Toronto et Paris.
Projet Autoroutes 10-20-55
Localisation des oeuvres photographiques.
Panneaux publicitaires (du 18 septembre au 18 octobre) :
Longueuil, route 132, direction ouest, à l’entrée du Pont Jacques-Cartier
Longueuil, route 132, direction est, près de l’entrée de l’autoroute 20
Brossard, autoroute 10, direction est, à la hauteur du Quartier 10-30
Région Drummondville, autoroute 20, direction est, à la hauteur de Saint-Germain de-Grantham
Région Drummondville, autoroute 20, direction ouest, à la hauteur de Saint-Cyrille de-Wendover
Sherbrooke, route 143, Boulevard Queen-Victoria, près du Chemin des Écossais (2
panneaux)
Structures vitrées et structures métalliques sur pied :
Université de Sherbrooke, à proximité du Centre sportif (7 septembre au 16 décembre)
Parcours du Lac, Vieux Presbytère de Saint-Bruno (5 septembre au 31 décembre)
L’autoroute comme métaphore du développement, de la consommation, du tourisme et de notre dépendance au pétrole. Ces zones de transit, truffées de signes graphiques et sculpturaux passant le plus souvent inaperçus aux yeux des routiers, sont révélatrices de notre manière de découper et d’occuper nos frontières interrégionales, d’aménager nos sites périurbains, nos terres agricoles et nos espaces commerciaux.
Sur ces longs rubans d’asphalte, à travers les signes culturels ostentatoires ou anonymes qui se succèdent au gré des trajets, les captations photographiques de Carrière interrogent les transformations et l’évolution du territoire, ses beautés comme ses dysfonctions. Quelle est notre perception vis-à-vis des marqueurs identitaires qui se dressent sur notre route et qui dépeignent nos manières de vivre? L’autoroute comme symbole de nos multiples déplacements et de notre consommation effrénée peut-elle incarner un nouvel imaginaire? Dans nos déplacements ponctués de fast-foods et de panneaux publicitaires, au cœur d’une architecture standardisée où le territoire est vu comme un bien immobilier, l’ennui et la répétition des signes à l’infini sont-ils notre futur ? À qui appartient le paysage ? Ces interrogations méritent d’être développées à la lumière de notre manière de concevoir l’espace urbain et rural, et de notre conception du ‘’voyage routier‘’.
La mémoire des lieux, les traces humaines dans le paysage, la saisie d’objets en tant que référents identitaires ont été, et sont toujours intrinsèquement liées à l’œuvre de Bertrand Carrière. Ayant fréquemment sillonné les chemins outre-frontière, l’ambition d’une traversée autoroutière en sol québécois s’avérait presque incontournable. Pour le projet Autoroutes, son territoire de travail s’est donc concentré autour d’un parcours qui lui est familier, les autoroutes 10 et 55 (Montérégie et Cantons de l’Est) et l’autoroute 20 (Montérégie, Centre-du-Québec et leurs bordures). Un voyage dans la boucle Longueuil – Sherbrooke – Drummondville – Brossard – Longueuil, à travers les zones emblématiques de la ville à la campagne, de la plaine à la montagne.
À noter que l’ensemble des œuvres du projet se déploient simultanément sur des panneaux d’affichage aux abords autoroutiers des localités de Longueuil, Drummondville, Brossard et Sherbrooke, ainsi que sur le Parcours du Lac du Centre d’exposition du Vieux Presbytère à Saint-Bruno.
Mona Hakim, commissaire