Pour la deuxième exposition à l’Espace Jean et Thérèse de Margerie, une sélection d’œuvres provenant de la Collection de l’Université de Sherbrooke est présentée sous un nouveau regard. L’intention derrière Choix d’impressions est de mettre en lumière un corpus d’œuvres réalisées par des artistes femmes, explorant la représentation du corps. À partir de ce lien avec la médecine et les sciences de la santé, la sélection s’est élargie afin de créer un dialogue formel ou conceptuel entre les œuvres.

Dans un grand cadre sont regroupées deux petites sérigraphies de Betty Goodwin tirées de son carnet de dessins (Notebook ’87). L’expressionnisme de ses traits et l’isolation de ces figures superposées traduisent la fragilité humaine. Cette sensibilité tournée vers l’essentiel (empreinte parfois de douleur ou de deuil) se retrouve dans le coffret Généranium réunissant quatre eaux-fortes et aquatintes sur papier aux côtés de poèmes de Jean Daive.

Il en va tout autrement pour la photographie Obsession Centerfold de Vikky Alexander, où le corps est frontal. Au début des années 1980, l’artiste s’intéresse aux corps rêvés des magazines de mode dont elle photographie des pages, s’inscrivant ainsi dans une lignée de l’art conceptuel d’appropriation d’images. Cette technique lui permet de souligner la culture médiatique, exigeante, de la séduction. Le dédoublement qu’elle opère accentue le caractère artificiel de la situation.

Ce dédoublement crée un dialogue formel avec l’œuvre en miroir Loup, une eau-forte et aquatinte de la graveure Kittie Bruneau tirée du livre d’artiste Mémoire animale (regroupant six eaux-fortes et un texte de Serge Gilbert). L’imaginaire l’emporte dans la suite avec la riche estampe (gravure sur bois) Rouge de nuit de Janine Leroux-Guillaume évoquant un entremêlement foisonnant des mondes animal, végétal et charnel.

Cette exposition présente un aperçu de l’éventail des pratiques remarquables de quatre artistes majeures de l’histoire de l’art au Québec et au Canada. Sur plusieurs décennies, elles ont développé des corpus d’œuvres riches et complexes ainsi qu’un savoir-faire technique considérable.

Myriam Yates, commissaire

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