Les oeuvres de Joanna Chelkowska se déploient à travers le dessin, la peinture et le collage. D’abord esquissées dans son cahier de recherches, elles prennent forme sur toile, bois, tissus ou papier dans des formats allant de la page du cahier à la taille de l’artiste. Son langage plastique évolue de l’expressionnisme au formalisme, de la figuration vers l’abstraction. Il évoque la présence et l’absence du corps, la perte de repères et le repli sur soi. La contrainte, la répétition, la palette réduite des couleurs et le rythme sont des stratégies que l’artiste applique à des formes simples et abstraites, ralliant l’intime et le collectif.

La vidéo Zones frontières fut réalisée à partir d’une centaine de dessins au fusain. Inspirés par les thèmes du déplacement, de la surveillance ou de l’enfermement, ils sont placés les uns après les autres sous la caméra selon la technique d’animation image par image. Suivant des séquences élaborées dans un scénarimage, Chelkowska modifie ses dessins par effacements et les repositionne, créant translations, rotations, accumulations, agrandissements dans un rythme soutenu par une création sonore composée sur mesure. On reconnaît quelques éléments : serait-ce une porte, une clôture, un cercueil ou une piscine ?

Champs et Tuiles, de la série Journal, et Croix, de la série Répétitions, dégagent à la fois la rigueur du constructivisme et l’impulsion de l’art brut. Une ouverture et une limitation de l’espace pictural.

J’ai rêvé à ces quatre murs. […] Je parcourais cette terre recouverte d’un champ mort semblable aux paysages du peintre Anselm Kiefer. Il y avait un verger ; ce n’était pas des oliviers, mais des pruniers aux branches noires. C’était l’automne. Paysage vu de ma fenêtre.*

*Extrait de réflexions tiré du cahier de l’artiste.

Commissaire : Myriam Yates