Camaïeu d’ombres est activé par un système robotisé qui met en scène des formes ; celles-ci naissent et meurent au rythme des mouvements. Une dizaine de structures à l’allure de sarcophage se constituent au fur et à mesure du déploiement de plaques superposées qui émergent du néant et projettent leurs ombres. Ces structures sont jumelées à une forme humaine, faite d’une tige métallique enrobée de bandelettes, à la manière des momies, et donnant l’illusion d’une ombre blanche. Au sol, des amoncellements de plaquettes noires et de bandelettes blanches. Ostensiblement, les sarcophages et les momies s’extraient du plancher et s’érigent, en de multiples torsions, jusqu’à leurs extensions finales, projettant sur les murs une fresque mouvante qui s’efface en même temps que les structures s’évanouissent. L’œuvre interroge la fugacité de l’existence et suggère que la vie s’efface aussi bien qu’elle surgit dans un même lieu. L’allusion au rituel funéraire de l’Égypte ancienne rappelle que le passage sur terre, avant d’aller dans un autre espace-temps, suit un rythme immuable souligné par le mouvement continu de la mécanique. Camaïeu d’ombres est une allégorie de la vie faite de grisaille, d’ombres et de lumière, de torsions et d’hésitations, de frémissements et de lentes respirations. Dans son essai, L’Installation en mouvement. Une esthétique de la violence, elle interroge la spécificité du mouvement dans l’installation.

 

Légende de l’oeuvre : Joëlle Morosoli, Camaïeu d’ombres. 2009. Sculptures cinétiques. Vue d’ensemble de l’installation

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