Biographie
Artiste multidisciplinaire reconnu depuis plus de trente ans pour ses créations en arts médiatiques, Herman Kolgen vit et travaille à Montréal. Véritable sculpteur audiocinétique, il tire son matériau premier de la relation intime entre le son et l’image. Kolgen travaille à créer des objets qui prennent la forme d’installations, d’œuvres vidéos et filmiques, de performances et de sculptures sonores. En exploration constante, il travaille à la croisée de différents médias, élaborant ainsi un nouveau langage technique et une esthétique singulière.
Les œuvres de Herman Kolgen ont été présentées entre autres à la Biennale de Venise, Ars Electronica, la Transmediale de Berlin, ISEA, au Centre Georges Pompidou, la Biennale internationale d’art numérique (BIAN), la Biennale Némo, Sonic Acts, London BFI, Dissonanze, Mutek, Elektra, Sonar, Tapei Digital Arts, Shanghai e-Arts. Il a également performé avec l’Ensemble Intercontemporain de Paris et la Philharmonique de Los Angeles. Herman Kolgen est récipiendaire de plusieurs prix prestigieux dont Ars Electronica, Qwartz, Best Experimental Film Award du Independant Film Festival de New York et Los Angeles. De 1996 à 2008, il a consacré la majeure partie de son temps au duo skoltz_kolgen.
ISOTOPP est une installation à la fois sonore et visuelle dont le dispositif est alimenté par les données provenant du GANIL, le Grand Accélérateur National d’Ions Lourds situé à Caen en Normandie. C’est suite à une résidence de recherche-création de deux ans (2016-2018) au GANIL, où il a travaillé avec les chercheurs Jean-Charles Thomas et Thomas Roger, qu’Herman Kolgen a conçu la première version de cette œuvre diffusée sous forme de performance en 2018 au Festival Interstices (Caen). Présentée pour la première fois en tant qu’installation dans le cadre de EIM 2019, ISOTOPP est un dispositif numérique et sculptural qui « surveille » le niveau de radioactivité du GANIL pour le traduire en influx lumineux. À partir de données concrètes, le système émule la collision de noyaux lancés à très grande vitesse, révélant un univers auquel nous n’avons pas normalement accès. Reposant sur une quantité quasi infinie de données, qui l’activent et en déterminent le comportement, l’œuvre n’est jamais la même : le flux de données étant lui-même toujours changeant. Portail de connexion avec l’infiniment petit que constitue l’atome, ISOTOPP interroge notre relation à l’invisible et l’intangible – celui-là même qui nous lie au monde.
Nathalie Bachand, co-commissaire de EIM (Espace [IM] Media)
Photo : Herman Kolgen, Isotopp (détail), 2018. Installation audiocinétique © Herman Kolgen