Dick and Jane sont des personnages de manuels scolaires destinés aux enfants étatsuniens et canadiens anglophones dans les années 1930 aux années 1970. Dick et Jane avec leur parent et leur chien Spot incarnent la famille blanche, de classe moyenne idéalisée, pour qui les jours s’écoulent sans souci et où les enfants sont entourés de jouets, d’animaux de compagnie et d’adultes attentionnés. Voilà des modèles identitaires exclusifs!
Bonnie Baxter nous amène dans un univers entre la fiction et l’autobiographie dans sa série Jane’s Journey (Le voyage de Jane). De ses quarante œuvres numériques prises sur les chemins de Jane, des récits se ramifient de l’enfance texane de l’artiste, de ses voyages en Europe et en Amérique et de son point d’attache, les Laurentides québécoises.
Jane est incarnée sous les traits d’une femme hollywoodienne, blonde, seule et immobile, vue de dos dans de beaux paysages. Les mises en scène photographiques et les images retravaillées à l’ordinateur présentent le personnage dans recueillement intérieur porté sur le sensible, l’étrangeté et la mélancolie. Jane est seule avec son lot de méditations.
De ces œuvres, l’artiste capte des états d’âme du personnage. L’invisible devient perceptible. Il se dégage des œuvres de Bonnie Baxter quelque chose de singulier, un calme inhabituel, immatériel presque indescriptible.
Les œuvres numériques de la série Jane’s Journey sont également les traces des performances de Bonnie Baxter portant sur la condition humaine et la précarité des identités dans une mise en scène de l’intime. Voilà des modèles identitaires inclusifs!
La capacité de figurer la pensée est une dimension de la photographie à laquelle est accordée de plus en plus d’importance.
Des extraits de la série Jane’s Journey furent montrés à la Galerie Division à Montréal en 2010 et au Centre d’exposition de Val David en 2009. Mais c’est à l’automne 2010 que la Galerie d’art du Centre culturel de l’Université de Sherbrooke a présenté l’ensemble de Jane’s Journey.