Betty Goodwin (Montréal, 1923-2008) nous a laissé une œuvre immense, authentique, se déployant, à dessein et par nécessité, au cœur de profondeurs apparemment insondables. Procédant d’une conscience aiguë de la condition humaine, sa réflexion convoque les méandres de l’inconscient pour enchâsser la problématique de la souffrance, de la mort et de l’oubli.

Étroitement associée à la scène artistique montréalaise depuis la fin des années 1960, Betty Goodwin est reconnue comme l’une des principales figures de l’art contemporain canadien. Très tôt, dès 1973, le Musée d’art contemporain de Montréal a acquis ses estampes de « vestes » masculines, rapidement devenues iconiques et, en 1976, il lui a consacré une première exposition d’importance, bilan d’une quinzaine d’années de production déjà éclatée.

Le Musée souhaite mettre de nouveau en lumière l’originalité et l’ampleur de cette pratique pluridisciplinaire aux résonances humanistes, en établissant, à partir d’un regroupement substantiel d’œuvres de sa collection, les principaux jalons d’un parcours singulier, chargé de sens et d’affects.

Développée au cours de cinq décennies, l’œuvre procède par cycles de grands ensembles typés s’enchaînant les uns aux autres, parfois en synchronie, parfois en alternance, au gré d’un fil conducteur unique et puissant : celui de la trace et de la marque de la présence (et de l’absence) de l’autre, et par extension de soi.

 

Betty Goodwin a longuement réexaminé les objets qui marquent notre temps et notre passage sur les territoires instables de l’existence. Une dimension intemporelle, voisine d’une éternité conquise, traverse l’œuvre unique d’un de nos plus importants artistes.

 

Josée Bélisle
Commissaire de l’exposition
Conservatrice à la Collection permanente
Musée d’art contemporain de Montréal

 

Description de l’oeuvre : Betty Goodwin, Je suis certaine que quelqu’un m’a tuée, 1985. Huile, pastel à l’huile, crayon gras et fusain sur papier calque, 50,5 x 65,3 cm. Collection Lavalin du MACM. Photo : Richard-Max Tremblay