Biographie

Né à Paris en 1929, André Le Coz a émigré au Québec en 1952. D’abord photographe de reportage pour le compte des magazines Châtelaine et Mclean à leur début, André Le Coz est devenu dès 1954 photographe à la Société Radio-Canada pour les dramatiques, les concerts et les émissions jeunesse. Vers la fin des années cinquante, il a orienté sa carrière vers la photographie des arts d’interprétation, les arts de la scène, principalement le théâtre en tant que photographe de plateau.

Commissaire : Suzanne Pressé

Spectateur privilégié

André Le Coz n’était pas le seul au monde à faire ce travail de photographe de scène. Mais au Québec de cette époque, il était pratiquement le seul. Il a photographié Jean Besré, Geneviève Bujold, Pierre Curzi, Janine Sutto et combien d’autres !

En 1995, il a cédé à l’Université de Sherbrooke la totalité de ses négatifs concernant le théâtre soit 120,000 clichés et 100 photographies. Voilà un catalogue impressionnant des figures marquantes de la scène théâtrale au Québec.

Photographe de l’instant décisif

André Le Coz a d’abord été un photographe de l’instantané. Fixer l’instant, cela veut dire évidemment choisir la bonne pellicule, la bonne vitesse d’obturateur et travailler avec une lumière donnée.
Mais cela veut surtout dire capter des regards, des gestes, des mouvements, des instants privilégiés. La photographie devient ici un document social. Elle donne vie aux faits, à la science, à la vie quotidienne des êtres.

Plusieurs photographes ont consacré leur talent à la photographie sociale. Henri Cartier-Bresson (1908-2004), un de ceux-là, soutient la thèse selon laquelle un photographe doit savoir retenir l’instant décisif. Cela suppose une coordination de l’œil, du corps et de l’esprit qui sait capter l’instant avec ses composantes plastiques et psychologiques pour que l’image ait le plus de signification possible.

Ainsi, le bon photographe qu’était Le Coz est devenu le meilleur photographe de scène parce que la scène était son monde. Ses photographies donnent vie à l’imaginaire. Sa motivation a toujours été de saisir l’instant absolu qui traduit l’émotion d’une situation, qu’elle soit tragique, comique ou spectaculaire, tout en transcendant le document.

Le photographe est ce regard qui, à l’instar du spectateur, cherche dans un visage d’acteur le secret de la magie théâtrale. Mais lui, le photographe, ne peut se tromper. Car sans son cliché, cette magie ne survivra pas. Un geste qui ne se fixe nulle part est un geste destiné à mourir. Il en va de même de la mise en scène, art de l’instant et de l’éphémère, qui porte ce fardeau inévitable de la mort. D’où le sentiment trouble qui se dégage des photos de Le Coz : pendant qu’il observait ces personnages qui paient de leur personne le droit à l’existence, pendant qu’il photographiait ces personnages qui nous expliquent le monde ou en inventent d’autres, exploit que permet la mise en scène, André Le Coz a inscrit sur pellicule et sur papier argentique la géométrie des vastes mondes.

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