Biographie

Pour François Mathieu, il semble que les questions les plus poétiques et secrètes trouvent leur place au cœur de ces matériaux qu’on soulève, qu’on gratte, qu’on moule et retourne sur eux-mêmes, pour les lier et les opposer de toutes les manières possibles. Détenteur d’un baccalauréat en philosophie, d’un autre en arts plastiques et d’une maîtrise en études québécoises, il possède une longue expérience de technicien au service des artistes dans plusieurs ateliers de Québec, ainsi que de formateur et de chargé de cours. Ayant à son actif plusieurs réalisations d’art public, il a aussi présenté de nombreuses expositions au Canada, au Mexique et en Belgique. Ayant grandi à Saint-Éphrem en Beauce, François Mathieu vit et travaille en milieu rural, à Saint-Sylvestre de Lotbinière.

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François Mathieu se fait l’inventeur de machines et de chantiers impossibles. Avec une approche ludique, il en appelle à des embrayages dysfonctionnels, à un langage mécanique, paradoxalement, sans fonctionnalité. Faisant honneur à la sensualité des matériaux et du travail manuel, ses expériences posent le processus comme principale destination; elles favorisent des créations libres.

Son œuvre Vrexto a été produite dans cet esprit, au sein d’un corpus de machines parfois élaborées, parfois moins. Puisé dans le vocabulaire visuel de la mécanique, le roulement à billes a notamment inspiré à François Mathieu une possible rotation de la sculpture. L’artiste s’est alors intéressé de près aux qualités esthétiques des objets qui suggèrent ce type de mouvement – que ce soit dans une chaîne de vélo, une fondation de pierres sèches ou, pourquoi pas, dans un collier de perles. Il a créé une base qu’on croirait mobile sur laquelle un volume conique est érigé, constitué de pièces de manteaux de cuir décousus et réassemblés. De facture utilitaire tout en étant inutile, l’objet ainsi façonné est parfaitement improbable.

Les codes pour l’appréhender l’œuvre sont brouillés. En effet, quelques stries découpent la forme géométrique de haut en bas, laissant apparaître un peu de toison de mouton. On pourrait alors s’attarder au fait que le cuir est une peau, que la fourrure appartient à l’animal et que la forme, de ce fait, devient un corps. On pourrait également déceler une architecture proche du tipi. Dépendant des codes d’analyse, l’on imaginera tantôt les ailettes d’une turbine, tantôt des branchies, voire des plaies ouvertes. Les registres de l’architectural, du mécanique et du vivant dialoguent. Au creux de leurs échanges et de leurs jeux loge une spirale. Car pour trouver le titre de l’œuvre, l’artiste a posé au hasard, sur une table tournante, les lettres découpées du mot « vortex ». Ce qui a donné lieu à Vrexto.

 

Image : François Mathieu, Vrexto, 2008. Bois (pin blanc, cèdre de l’Ouest), cuir, peau de mouton, babiche, corde synthétique, câble de nylon, 184 h x 138 x 140 cm  © F. Mathieu