Le festin de la benne

Documentation

Aux premiers abords, fouiller dans les poubelles peut nous paraître dégoutant, répugnant, voire immonde, mais si l’on y réfléchit un peu, force est d’admettre que les déchétivores ne sont pas si bêtes que l’on pourrait le croire. Afin de nous aider à mieux digérer ce nouveau phénomène de société, Michel Caron s’est invité au Festin de la benne.

Le Dumpster diving est né de l’indignation d’individus face au gaspillage des ressources naturelles et à la surconsommation et il peut être vu comme un acte politique ou un choix économique. En offrant une deuxième chance aux aliments officiellement périmés, mais parfaitement comestibles, les dumpster divers font un pied de nez au système capitaliste et au gaspillage. Même si cette activité est officiellement illégale, mais largement tolérée, il n’en demeure pas moins que ses adeptes se soumettent à un véritable code d’éthique incluant le respect des lieux visités.

Faire des photos de reportage destinées à être présentées dans un espace culturel n’est pas une mince affaire. En plus de la recherche esthétique, l’artiste doit bien comprendre son sujet. Étant malgré tout un outsider, celui-ci doit se mêler aux protagonistes tout en demeurant invisible lorsque ceux-ci s’activent, armés de leurs lampes de poche, à leur cueillette nocturne méthodique. Il doit se joindre à la meute, à la recherche de carcasses végétales et il va même jusqu’à les accompagner dans leur tanière pour le partage du butin, la cuisine et ultimement le festin communautaire.

C’est avec la même prouesse que celle de Jim Goldberg ou d’Eugene Richard que Michel Caron, avec ses photos en noir et blanc, nous invite dans cet univers captivant aux allures d’anarchie. Paradoxalement, ses photographies en couleurs, dignes d’un beau livre de recettes, nous présentent les victuailles consommées par ces déchétariens et nous ramènent effrontément vers cette réalité que nous ne pouvions concevoir jusqu’à maintenant. Bon appétit !

Source: Guy Tremblay