Voyager en pays étranger avec le projet de faire de la photographie non touristique est un défi. Voilà le défi qu’a relevé Martin Blache en se rendant sur l’Île de Cuba, au mois de juin 2012, sa caméra Leica à la main, sachant qu’il aurait pu revenir bredouille, sans aucune photographie, mais espérant que la magie opérerait. C’est ce qui lui est arrivé : la magie a opéré avec l’aide de camarades cubains et québécois.
Monsieur Amilkar Allen Pérez, un chauffeur de taxi à La Havane, a présenté le photographe à sa famille, lui a montré des quartiers marginalisés et l’a accompagné comme intermédiaire et interprète. Et puis, l’artiste a accompagné madame Catia Dignard et monsieur Jean-François Martel, artistes et, respectivement, professeur en économie et en musique au Cegep de Sherbrooke, lors d’un stage d’étudiants en musique à La Havane.
Cuba a un riche passé colonial qui a réuni plusieurs cultures. La Révolution cubaine, en 1959, a mis fin au racisme légalisé rendant les citoyens égaux devant la loi, leur donnant le même accès à l’éducation et à l’emploi. Mais l’héritage de centaines d’années d’esclavagisme et de racisme a laissé des traces que Martin Blache a pu observer lors de son séjour. Les Cubaines et les Cubains d’origine africaine, nombreux en ce pays, ressentent encore des conséquences de ce passé malheureux. Plusieurs photographies de l’exposition Martin Blache : Portraits de Cuba proviennent de ces quartiers.
Lors d’un entretien que m’a accordé Martin Blache, il m’a confié avoir «constaté que les Havanais sont pour la plupart très ouverts aux étrangers et que leur ville est un doux mélange de plusieurs époques. On baigne dans une atmosphère enivrante de paradoxes».
Martin Blache vit et travaille à Sherbrooke. Diplômé de la prestigieuse School of Image Arts de l’Université Ryerson, à Toronto, le photographe met sa sensibilité au service de la publicité, d’événements culturels et de diverses formes de communication corporative et institutionnelle. Ses photographies paraissent dans des journaux, des magazines, des brochures et sur des sites web. Il poursuit également une carrière d’artiste professionnel. Son travail a été présenté à la Galerie d’arts de l’Université Ryerson à Toronto, au O’Keefe Center de Toronto et au Musée des beaux-arts de Sherbrooke.
Suzanne Pressé, Commissaire